martes, 30 de octubre de 2007

miracle:un emigré clandestin raconte comment il a survecu au large des cotes espagnoles

Leidi Fall, 29 ans l’unique rescapé de la pirogue repêchée par un bateau espagnol mercredi dernier au sud du Cap-Vert, raconte son odyssée dans les colonnes du journal espagnol El Pais, proche du Psoe au pouvoir. Dans l’entretien qu’il a eu à Dakar avec un envoyé spécial du journal El Pais, sur son lit d’hopital, il ressort que la mort des 56 Africains qui ont fait le voyage avec lui à destination des Iles Canaries, est due à la cupidité de receleurs qui leur ont vendu de l’eau pour du gasoil. Un récit émouvant dans lequel il relate comment ses compagnons sont morts et ont été jetés à la mer les uns après les autres, tout au long de la dérive de leur embarcation de fortune. Récit de quelqu’un qui a vu la mort rôder.
«J’étais le patron de l’embarcation laquelle était composée de 28 Guinéens, de 20 Maliens de 3 Sénégalais et de 4 autres Africains dont j’ignore la nationalité. Nous sommes partis de Nouadhibou où je travaillais comme pêcheur. Le propriétaire de la pirogue m’avait choisi pour diriger le voyage car, en octobre 2006, j’avais réussi à atteindre les Iles Canaries même si je fus par la suite rapatrié au Sénégal après cinq semaines de détention. Pour ce voyage, le propriétaire de la pirogue m’a payé 200 euros et deux places que j’ai revendues. Nous sommes partis a l’aube du 3 octobre après avoir rempli la pirogue de sacs de riz, de 100 litres d’eau et de 200 litres d’un liquide qu’on croyait être du gasoil et qui en fin de compte, s’est avéré être de l’eau. Au quatrième jour du voyage, quand nous étions sur le point d’arriver à l’Archipel des Canaries, le premier bidon de combustible était deja épuisé et quand nous avions ouvert le second bidon, grande fut notre surprise de constater qu’il contenait de l’eau et non du gasoil. Ce fut la désolation et la consternation. Les gens se sont mis à crier et à pleurer comme des enfants. Malgré la gravité de la situation, je parvins à garder mon calme en pensant qu’on allait être repêché surtout que le Gps indiquait à ce moment que nous étions à 157 kilomètres de l’Archipel des Canaries. Mais tel ne fut pas le cas, ballotés par les courants et à la dérive, commence alors un véritable drame.
MANQUE DE PROVISIONS, DEBUT DU DRAME
Au fil des jours, la nourriture commençait à être épuisée et certains passagers de montrer leur instinct bestial qui dormait en eux. C’est ainsi que certains ont attendu que leurs compagnons dorment pour les jeter à la mer sans que personne ne lève le plus petit doigt pour s’y opposer. Les gens étaient devenus tout simplement des animaux. Et quand les provisions de nourriture ont été totalement épuisées, les gens sont devenus complètement fous. Au moins 10 Maliens se sont suicidés en se jetant à la mer, d’autres se sont mis à dormir pour ne plus se réveiller. A chaque fois que mourait un compagnon, les survivants organisaient une petite prière avant de le jeter à l’eau. Les gens mouraient les uns après les autres comme des mouches et je ne sais pas par quel miracle, je continuais toujours à vivre. En fin de compte, je n’avais plus de force pour jeter les cadavres, c’est pourquoi le navire espagnol qui m’a sauvé la vie a retrouvé aussi 7 cadavres dans la pirogue. J’étais tellement fatigué que je ne pouvais même pas bouger, je fredonnais tout juste des litanies pour demander que le Bon Dieu me sauve de cette mort qui rôdait.
INSTINCT DE SURVIE
J’entendis le bruit d’un moteur et je ne sais pas où j’ai pu tirer la force de lever ma main. Je fus repêché après 18 jours de dérive en haute mer et sans carburant. Les courants marins nous ont repoussé jusqu’à 2 000 kilomètres au sud des Iles Canaries et à 1 000 kilomètres de la plage de Nouadhibou où nous avions pris le départ.»
Correspondante permanente à Madrid